TURQUIE, VENEZUELA, UNE AMITIE EN OR ! THE ANKARACAS CONNECTION.
Turquie, Vénézuela, une amitié en or !
Le Président turc, R.T.Erdogan, a scellé une amitié en or massif avec le Président Maduro du Vénézuela, amitié en réalité motivée par des intérêts communs.
Le Président du Venezuela a pris la décision spectaculaire d’exporter vers la Turquie pas moins de 23 tonnes d'or, pour un montant total avoisinant les 900 millions d'euros. Le 14 janvier dernier, les deux pays se sont entendus pour accroître ces exportations en dépit de l’embargo américain sur le secteur aurifère du Venezuela. L'accord signé prévoit le raffinage de l'or vénézuélien dans une usine de Corum, près d'Ankara, permettant au Venezuela d’éviter la saisie de ses stocks par les banques occidentales.
Alors quelles sont les motivations du Président Erdogan ?
En soutenant le Vénézuela, il réalise en réalité une triple opération :
En premier lieu, l’arrivée de l’or vénézuelien est un apport précieux pour la banque centrale turque.
Premier Président Turc à se rendre au Venezuela au mois de décembre 2018, Erdogan y a signé pas moins de 10 traités avec Maduro, dans plusieurs domaines. Le commerce entre les deux pays a d’ailleurs été multiplié par 6 en deux ans. La compagnie turque Turkish Airlines est l'une des rares à desservir Caracas. Ankara a investi dans l'énergie, les mines, l'agriculture... La Turquie accuse Washington de vouloir mettre la main sur les ressources pétrolières vénézuéliennes, mais elle convoite elle-même ces réserves d'or noir.
En second lieu, cette amitié est pour Erdogan une rare occasion de faire l’unanimité au sein du pays. De l’extrême gauche aux islamistes, chacun a une raison de soutenir cette amitié transatlantique, les uns au nom du soutien à la révolution bolivarienne de Chavez poursuivie par Maduro, les autres au nom de la lutte contre l’impérialisme. De fait, Maduro jouit en Turquie d’une popularité rare. Un
hashtag We are Maduro y est largement partagé, et il a même participé au tournage d’une série télévisée historique très appréciée des téléspectateurs turcs! Les journaux sont ainsi tous d’accord pour penser que Maduro est la victime des Etats-Unis qui veulent s’emparer des richesses du Venezuela. Tandis que les États-Unis ou la France soutiennent, Juan Guaidó opposant à Maduro, la Turquie a été l'un des premiers pays à soutenir Maduro comme seul dirigeant du Venezuela.
En dernier lieu, cette opération est l’occasion pour la Turquie de renforcer ses relations avec la Russie, l'Iran, la Syrie et quelques alliés sud-américains, occupant ainsi une position dans le camp des Etats qui « résistent » aux Etats-Unis. Même si la Turquie est toujours membre de l’Alliance Atlantique, le Président Erdogan s’est rapproché de la Russie de Poutine depuis 2016. Enfin, au cœur de ce rapprochement se trouve également le ministre de l’industrie du Venezuela, Tarek el-Aissami, d’origine libanaise et soutien de la Syrie de Bachar el-Assad
L'amitié entre les présidents turc et vénézuélien est ainsi guidée par des intérêts économiques, mais aussi idéologiques. Si le Président Maduro a décoré le Président Erdogan de la plus haute distinction au Venezuela, il espère aussi trouver une possible échappatoire vers la Turquie s’il devait s’exiler, de l’or contre la sécurité en quelque sorte !
The Ankaracas Connection
Turkey’s President R. T. Erdogan has sealed a massive gold friendship with President Maduro of Venezuela, a friendship actually motivated by common interests.
The President of Venezuela has taken the spectacular decision to export to Turkey no less than 23 tons of gold, for a total amount approaching 900 million euros. On January 14, the two countries agreed to increase these exports despite the US embargo on Venezuela's gold industry. The agreement provides for the refining of Venezuelan gold at a plant in Corum, near Ankara, allowing Venezuela to avoid Western banks freezing its stocks.
So, what are the motivations of President Erdogan?
By supporting Venezuela, he actually performs a triple operation:
First, the arrival of Venezuelan gold is a precious boon for the Turkish Central Bank
The first Turkish President to visit Venezuela in December 2018, Erdogan has signed a staggering 10 treaties with Maduro, in several areas. Trade between the two countries has been multiplied by six in two years. Turkish Airlines is one of the few companies to serve Caracas. Ankara has invested in energy, mining, agriculture ... Turkey accuses Washington of wanting to get its hands on Venezuelan oil resources, while it itself wants them too.
In the second place, this friendship is for Erdogan a rare opportunity to gain unanimous support within the country. From the far left to the Islamists, everyone has a reason to support this transatlantic friendship, some in the name of the Chavez Bolivarian revolution pursued by Maduro, the others in the name of the fight against imperialism.
In fact, Maduro enjoys a rare popularity in Turkey. A hashtag "We are Maduro" is widely shared, and he even participated in the shooting of a historical television series widely appreciated by Turkish viewers! The newspapers all agree that Maduro is the victim of the United States who wants to grab Venezuela’s riches. While the United States or France support Maduro’s opponent, Juan Guaidó, Turkey was one of the first countries to support Maduro as a leader of Venezuela.
Lastly, this operation is an opportunity for Turkey to strengthen its relations with Russia, Iran, Syria and some South American allies, thus occupying a position in the camp of States that "resist" the United States. Although Turkey is still a member of the Atlantic Alliance, President Erdogan has got closer to Putin's Russia since 2016. Finally, at the heart of this rapprochement is Venezuela's Minister of Industry, Tarek el- Aissami, of Lebanese origin.
The friendship between the Turkish and Venezuelan presidents is thus guided by economic as well as ideological interests. If President Maduro has decorated President Erdogan with the highest distinction in Venezuela, he also hopes to find a possible sanctuary in Turkey if he were to go into exile, thus trading gold against security.
Idir
Le Monde 01/02/2019 Marie Jégo
Courrier international – Paris Publié le 01/02/2019 Laurence Habay
Le Point 24/01/2019
Hürryet Daily News/ December 04 2018
Courrier international – Paris Publié le 01/02/2019 Laurence Habay
Le Point 24/01/2019
Hürryet Daily News/ December 04 2018
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